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Critiques cinéma par Benjamin Adam
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2 octobre 2010

Toy Story 3 - Lee Unkrich

toy_story_3


Le souvenir que laisse un film peut prendre différentes formes. Il existe le souvenir de l’histoire, celui qui nous fait dire « je crois que je l’ai vu » quand on entend quelqu’un nous résumer un scénario, puis le souvenir visuel qui brusquement l’accompagne, fait d’images éparses que l’on se surprend souvent à avoir exagérées dans le sens du sentiment premier qu’elles nous avaient provoqué. Mais l’une des particularités de ce type de souvenirs est que souvent, plus le film nous a marqué, plus ce qu’il en reste dans notre mémoire n’est pas son contenu mais tout le contexte personnel et affectif qui a pu entourer son visionnage. On se souvient du lieu, du moment, de qui était là pour partager l’expérience, voire des mots prononcés après le visionnage mais pas des répliques ni de l’histoire dans ses détails.


Le premier Toy Story, par l’évènement qu’il représentait en étant le premier film en images de synthèse, possédait les arguments pour laisser un souvenir durable chez les spectateurs les plus âgés. Pour les plus jeunes, insensibles à la prouesse technique, la magie de l’histoire les avait tous poussés à croire pendant des semaines à la vie de leurs propres jouets. Et sans doute que tous ces spectateurs de la première heure gardent ainsi en guise de souvenir une histoire personnelle que chaque visionnage ravive avec la force de la nostalgie. La suite était excellente mais sans doute le souvenir qu’elle a pu laisser est-il encore plus flou, et typique de ce processus décrit : l’évènement reste vif dans la mémoire, le film moins. Pour ce troisième volet, Pixar a eu l’intelligence de miser entièrement sur cette particularité du souvenir cinématographique. Tout d’abord en en faisant un levier émotionnel particulièrement fort, renvoyant par son scénario même à la décennie écoulée depuis le premier épisode. Mais aussi, la difficulté du spectateur moyen à se rappeler clairement, ici non du premier mais du second épisode, offre aux scénaristes du film l’occasion de ne pas pousser très loin leurs recherches et d’en offrir non une suite mais plutôt une réécriture En effet, le spectateur dont la mémoire aura la particularité de tromper la thèse présentée ci-dessus en se rappelant dans tout ses détails le second opus de la saga éprouvera un désagréable sentiment de déjà-vu car si les personnages et les gags diffèrent, la ligne dramatique (comprendre la façon dont les évènements s’enchaînent et dont les enjeux des différentes séquences se présentent) est, elle, rigoureusement identique.


(Afin d’éviter les spoilers, la comparaison entre les deux épisodes pourra être lue dans la section des commentaires.)


         Venant d’une équipe qui nous avait jusqu’alors promis et offert des films associant originalité de création avec perfection de l’animation, ce renouvellement d’une histoire déjà racontée s’en trouve d’autant plus décevante. Il n’en demeure par moins que le potentiel comique et émotif reste du niveau des autres films Pixar. Le personnage de Ken à lui tout seul instaure une différence non négligeable avec le précédent opus et l’identification aux personnages s’organise sur trois générations entre la mère voyant son fils partir, avatar des spectateurs déjà adultes en 95, Andy sortant définitivement du monde de l’enfance comme ceux ayant grandi avec lui, ou la petite Bonnie, offrant elle aussi un miroir aux plus jeunes qui découvrent pour la première fois en salles l’aventure de cette bande de jouets. De même, si la ligne principale n’est pas neuve, quelques jalons qui la parcourent s’avèrent particulièrement savoureux : on citera le terrible singe alarme, personnage presque aussi terrifiant que le bébé araignée du premier opus, ou encore l’hérisson shakespearien que l’on aurait aimé garder plus longtemps à l’écran tant il représente à lui tout seul la folle et géniale absurdité des histoires qu’un enfant peut faire vivre à ses jouets.


       Malgré ces réserves donc, autant ne pas bouder son plaisir car il faut le reconnaître, rarement des films, dans l’attachement construit avec leurs spectateurs en instaurant un lien générationnel fort entre eux et leurs personnages, ont su ainsi produire cette joie à se sentir à nouveau enfant pendant une heure et demi.  Et tant pis pour les spectateurs dont la mémoire cinématographique ne garde ni images, ni sons car l’émotion sera plus forte pour celui qui reconnaitra dans le plan final clôturant cette histoire le même  plan qui l’avait ouverte il y a quinze ans .


***-

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Commentaires
D
- Siffly le pingouin est vendu au vide-grenier se déroulant dans la rue, Woody aidé du chien de la famille part le sauver et se fait enlever par mégarde. / Les jouets sont dans un sac poubelle dans la rue, Woody part les sauver et ils se font embarquer dans la voiture de la mère par erreur.<br /> <br /> (A cet instant du film, la comparaison est soulignée, via le gag du chien ayant pris de l’âge et ne pouvant plus assurer le sauvetage.)<br /> <br /> - Arrivée de Woody/des jouets dans un environnement nouveau (l’appartement de Al/ la garderie) et rencontre avec des jouets visiblement sympathiques. Leur chef, Papy Pépite/L'ours Lotso, est un gentil jouet à la voix chaude et à la démarche alourdie, s'appuyant sur sa pioche/canne. <br /> <br /> - Premier point culminant, formant ici un miroir. L’un des deux jouets du couple star décide de rester quand l’autre lui rappelle leur mission première : « être le jouet d’Andy ». Woody dans le 2, Buzz (accompagné des autres) dans le 3. L’opposition conduit à une scission.<br /> <br /> (Rappelons qu’entre temps, une séquence de flashback évoque l’abandon que peut subir un jouet. Le chant insipide de Jessie la cowgirl laisse ici place au slam d'un Clown dépressif.)<br /> <br /> - C’est alors que le jouet accueillant se révèle être hostile. Le Papi Pioche/l’ours Lotso est en fait un terrible tyran. Woody/Buzz prend conscience de l'erreur qu'il a fait en restant là.<br /> <br /> - Sauvetage : Buzz/Woody revient à la rescousse.<br /> <br /> - Escapade et poursuite dans un environnement offrant une séquence visuelle impressionnante à base de tapis-roulant en tout sens : l’aéroport/la décharge.<br /> <br /> - Le sauvetage est réussi et le méchant puni. <br /> Ici, la ressemblance ne concerne plus seulement l’histoire mais la mise en scène même : Papi/Lotso est fixé à un sac/un camion avec à côté de lui un autre jouet ayant visiblement subi un terrible sort (maquillage à outrance/gobage de mouche). Le tout se termine sur le sac/le camion s’éloignant, accompagné par le hurlement du méchant joujou. <br /> <br /> - Scène finale : les jouets ayant cru à leur abandon sont recueillis par un nouveau propriétaire. Jessie et Pil-Poil par Andy, puis tous par l’adorable Bonnie dans le troisième épisode.<br /> <br /> CQFD :p
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